dimanche 18 janvier 2009

* La réalité sur le problème palestinien que ne montre pas les médias

Alors que les médias répètent depuis le début des atrocités à Gaza que les israéliens sont unanimement derrière leur armée, la réalité est tout autre, des milliers d'israéliens manifestent contre l'occupation de Gaza par Israël.



Norman Finkelstein : Israël ne veut pas d’une paix dans les frontières de 1967
15 janvier 2009

Pour l’universitaire Norman Finkelstein, critique résolu des politiques de l’Etat d’Israël, le principal obstacle à la paix c’est le refus israélien d’un accord sur la base des frontières de 1967. La Ligue Arabe, l’Autorité Palestinienne, et désormais le Hamas lui même sont « en faveur d’une solution à deux états selon les frontières de juin 1967. Le seul et unique obstacle est Israël, soutenu par les États-Unis. Voilà le problème, » juge-t-il.

Transcription des interventions de Norman Finkelstein dans un débat animé par Amy Goodman sur Democracy Now, 8 janvier 2009

Certaines archives, que vous pouvez consulter sur le site internet du Ministère des Affaires Étrangères israélien, ne souffrent pas de contestation. On peut notamment lire qu’Israël a rompu la trêve en Novembre, en entrant dans la bande de Gaza pour tuer 6 ou 7 militants palestiniens. C’est à ce moment là ―et je cite maintenant le site officiel israélien― que le Hamas a riposté ou, en riposte à l’attaque israélienne, en tirant des roquettes.

Maintenant, à savoir pourquoi Israël a attaqué ces derniers jours, encore une fois, les données sont assez explicites. Selon le journal israélien Ha’aretz, le ministre de la Défense Barak avait planifié cette offensive avant même le début de la trêve. En fait, selon l’édition de Ha’aretz d’hier (7 janvier 2009), la planification de l’invasion a débuté en mars. Et la raison en est, je pense, double. Premièrement : il s’agit pour Israël d’augmenter, ce que son gouvernement appelle, sa force de dissuasion, qui pour le dire plus platement, consiste en la capacité d’Israël à soumettre la région par la terreur. Après leur défaite de juin 2006 au Liban, il leur semblait important de transmettre le message que la force de frappe d’Israël était encore capable de terroriser ceux qui oseraient le défier.

Et la seconde raison de l’attaque tient au fait que le Hamas avait fait savoir qu’il voulait une résolution diplomatique au conflit selon les frontières de 1967. Cela signifiait que le Hamas rejoignait le consensus international, qu’il s’alignait à la grande majorité de la communauté internationale à la recherche d’une solution diplomatique. Les israéliens se retrouvaient alors confrontés à ceux qu’ils appellent une offensive de paix palestinienne. Et c’est dans le but de contrer cette offensive de paix qu’ils ont entrepris de détruire le Hamas. Comme il était documenté dans le numéro d’avril 2008 de Vanity Fair par l’écrivain David Rose ―qui s’appuyait lui-même sur des documents officiels américains― ceux sont les États-Unis, en collaboration avec l’Autorité Palestinienne et Israël, qui ont tenté un putsch contre le Hamas, putsch que celui-ci a anticipé. Cela non plus, ce n’est plus discutable, cette vérité n’est plus controversée.

La question maintenant n’est pas de savoir si le Hamas veut diriger mais s’il le peut sous l’embargo que maintient Israël et empêche toute activité économique palestinienne. Le blocus imposé à Gaza n’a rien à voir avec le Hamas. Des américains ont été envoyés sur place, notamment James Wolfensohn, pour essayer de mettre fin à l’embargo après que les troupes israéliennes aient été redéployées dans Gaza.

Le problème majeur a toujours été qu’Israël ne veut pas que Gaza se développe, et qu’Israël ne veut pas résoudre ce conflit par la voie diplomatique. Autant à Damas qu’à Gaza, les leaders palestiniens ont déclaré à plusieurs reprises leur volonté de résoudre ce conflit en se basant sur les frontières de juin 1967. Les archives sont assez claires. Elles sont en fait sans équivoque.

Chaque année, l’Assemblée Générale des Nations Unies soumet à un vote une résolution appelée « Pour une résolution pacifiste de la question de la Palestine ». Et tous les ans le vote est le même. C’est le monde entier d’un côté ; Israël, les États-Unis et quelques minuscules îles du sud et l’Australie de l’autre. Le vote de l’année dernière a été de 164 contre 7. Chaque année depuis 1989 ―en 1989 le résultat était 151 contre 3, le monde entier d’un côté, les États-Unis, Israël et l’état insulaire de Dominique (Dominica) de l’autre côté.

Nous avons la Ligue Arabe, ses 22 membres, qui sont en faveur d’une solution à deux états selon les frontières de juin 1967. Nous avons l’Autorité Palestinienne qui est en faveur d’une solution à deux états selon les frontières de juin 1967. Nous avons maintenant le Hamas qui est en faveur d’une solution à deux états selon les frontières de juin 1967. Le seul et unique obstacle est Israël, soutenu par les États-Unis. Voilà le problème.

Bien, les rapports montrent que le Hamas voulait poursuivre la trêve, mais à la condition qu’Israël allège l’embargo. Bien avant que les roquettes de riposte du Hamas contre Israël soient lancées, les palestiniens réfugiés dans la bande de Gaza risquaient une crise humanitaire majeure à cause du blocus Israélien. L’ancien Haut commissaire aux Droits de l’Homme, Mary Robinson, a décrit ce qui se passait à Gaza comme une destruction de civilisation. Et cela pendant la période de trêve.

Encore une fois, que montrent les archives ? Elles montrent que depuis les 20 dernières années, la totalité de la communauté internationale a cherché à résoudre ce conflit selon les frontières de juin 1967 et avec une solution juste pour les réfugiés. Est-ce que les 164 états des Nations Unies sont des « réjectionistes » ? Qui s’oppose à la paix ?

Pour ce qui concerne le « processus de paix », les archives montrent qu’à Camp David, puis sous l’administration Clinton, et puis à Taba, toutes les concessions faites sur les questions cruciales n’ont toujours étaient que palestiniennes. Israël n’a fait que très peu de concessions. Toutes sont venues des palestiniens qui ont à maintes reprises exprimé leur volonté de résoudre ce conflit sur les bases de la loi internationale.

Et la loi est très claire. En juillet 2004, la Court Internationale de Justice (CJI) ―la plus haute instance judicaire du monde― a jugé qu’Israël n’avait aucun droit ni sur la Cisjordanie (West Bank) ni sur la bande de Gaza. Ils n’ont aucun droit sur Jérusalem non plus. Jérusalem est, est, selon la plus haute instance judiciaire du monde, considéré comme un territoire palestinien occupé. La CJI a jugé toutes les colonies, toutes les colonies implantées en Cisjordanie, illégales sous la loi internationale.

Le point important maintenant, sur toutes ces questions, est que les palestiniens ont accepté de faire des concessions et qu’Israël n’en a fait aucune.

Je pense que ce qui doit se passer maintenant est assez clair. Premièrement, les États-Unis et Israël doivent se joindre au reste de la communauté internationale, et doivent se soumettre à la loi internationale. La loi internationale ne doit pas être banalisée. Je pense que c’est une question sérieuse. Si Israël enfreint la loi internationale, il doit rendre des comptes, comme n’importe quel autre état du monde.

M. Obama doit se mettre au niveau du peuple américain. Il doit être honnête en ce qui concerne l’obstacle principal à la résolution de ce conflit. Ce n’est pas le « réjectionisme » palestinien, mais le refus d’Israël, avec le soutien des États-Unis, de respecter la loi internationale, de se soumettre à la volonté de la communauté internationale.

Et le principal défi pour nous, américains, est de ne pas se laisser tromper par les mensonges.

Norman Finkelstein est diplômé en sciences politiques et a enseigné dans plusieurs universités américaines. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Mythes et réalités du conflit Israélo-palestinien, Beyond Chutzpah et L’industrie de l’Holocauste qui ont été traduits dans plus de 40 langues. Il est fils de survivants du génocide.


Publication originale Democracy Now, traduction Florent Barat pour Info Palestine

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