Dimanche 4 janvier 2009, par gilles bonafi
Dès octobre 2008, j’avais dans mon article « cessation de paiement » (alterinfo, betapolitique) indiqué les différentes étapes de la crise systémique actuelle :
Acte I : les subprimes /les banques.
Acte II : faillite des hedge funds.
Acte III : l’économie réelle est touchée (faillite de Ford, General Motors, Chrysler et des compagnies aériennes US entre autre, au premier trimestre 2009).
Acte IV : faillite des collectivités locales et des états aux USA.
Acte V : cessation de paiement et destruction du dollar (fin du deuxième trimestre 2009). J’ai reçu à ce moment là les commentaires sympathiques et chaleureux de certains lecteurs. Je cite : « du n’importe quoi, ignorant, impossible, etc ». Il faut souligner qu’à l’époque, tous les grands journaux ainsi que la télévision, affirmaient que tout allait bien, que la crise était passagère (lire « Destruction de l’économie et médias »). Depuis, le temps a fait son œuvre, la crise s’est installée et personne ne remettrait en doute la première partie de mon analyse. J’ai donc continué mes recherches et j’ai ajouté (le 12 novembre) 2 étapes majeures :
Le secteur des cartes de crédit qui est fortement secoué et sera l’un des prochains krachs à venir (21 milliards de dollars d’emprunts réclamés de janvier à juin 2008).Pour les banques l’année 2009 sera terrible.
La faillite des fonds de pension et des retraites (une catastrophe gigantesque) : 15 millions de britanniques n’auront pour vivre que 560 livres par mois. Ce sera la même chose pour tous les pays ayant un système de pension par capitalisation (USA, Pays-Bas, Danemark, Japon entre autres). Je vais donc ici, apporter la preuve que nous ne sommes pas en 1929 (ce que j’affirme depuis des mois), mais que la crise actuelle est un véritable tsunami qui va tout emporter.
En effet, l’économie réelle est sévèrement touchée (acte III) et le pire est à venir :
Selon Klaus Schwab, le chef du forum économique international de Davos, la crise financière a coûté pour le moment 5000 milliards de dollars. Il ne compte pas les engagements du gouvernement US et de la Fed en soutien à la finance qui totalisent 7 400 milliards, soit 50% du PIB US (source : Bloomberg lundi 24 novembre). L’Institut de liaisons et d’études des industries de consommation (ILEC) prévoit des défaillances en cascades au premier semestre 2009. Euler-Hermes SFAC (leader de l’assurance-crédit) pour son étude semestrielle annonce une hausse de 25% des défaillances d’entreprises dans le monde en 2008 (l’Espagne connaît une hausse de 160%), mais surtout, elle prévoit le pire pour 2009. N’oublions pas que les entreprises sont interconnectées entre elles à l’aide de CDS (credit default swaps, contrat de protection entre acheteur et vendeur) pour un montant de 62 000 milliards de dollars. Les premières défaillances ont commencé, nous assisterons donc bientôt, par effet domino, à l’implosion du système. Byron Dorgan, sénateur démocrate du Dakota, a dit à propos des produits dérivés :« Si vous voulez jouer, aller à Las Vegas. Si vous voulez faire du négoce de produits dérivés, Dieu vous bénisse. »
De plus, les profits des sociétés devraient reculer de 50 %, selon Groupama Asset Management. Le département américain du Travail a d‘ailleurs déclaré une moyenne à quatre semaines de 558.000 chômeurs de plus en décembre 2008 (source : AFP). Il y aura donc 1,7 millions de chômeurs supplémentaires aux USA au mois de mars, si tout va bien. Le problème des « subprimes » est donc loin d’être terminé. En Chine, 670.000 petites entreprises ont fermé et 6,7 millions d’emplois ont disparu en 2008 (source : Reuters). Les risques d‘émeutes deviennent l’obsession des dirigeants chinois. La situation, là-bas, est plus inquiétante qu’aux USA. L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) prévoit "20 à 25 millions" de chômeurs en plus dans le monde d’ici 2010 (source : AFP).
Le docteur Abderrahmane Mebtoul l’un des plus grands économiste d’Algérie (membre de la délégation Algérienne à la réunion de l’OPEP à Oran) et surtout l’un des rares à comprendre la gravité de la crise actuelle affirme que « certains analystes prévoient une contraction de la demande mondiale de pétrole entre 30 et 50% selon l’ampleur de la crise mondiale. »Une demande en pétrole divisée par 2 signifie une économie totalement ravagée.
Les compagnies aériennes sont lourdement touchées avec des pertes cumulées de cinq milliards de dollars en 2008, 2,5 milliards prévus en 2009. (source : Giovanni Bisignani, directeur général de l’Iata, qui représente 230 compagnies assurant environ 93% des vols internationaux).Un chiffre que j’estime optimiste car les pertes pour 2009 seront largement supérieures à 2008 et il y aura donc des défaillances de compagnies aériennes.
L’année 2008 a battu tous les records au niveau des catastrophes naturelles qui ont causé 200 milliards de dollars de dégâts matériels. Torsten Jeworrek, membre du directoire de Munich Re a ainsi déclaré : « La tendance à long terme que nous observons se poursuit : le changement climatique a déjà commencé et contribue très probablement à une météo extrême de plus en plus fréquente et ainsi aux catastrophes naturelles qui s’en suivent".L’année 2009 devrait être terrible, elle aussi et contribuer à affaiblir les finances des assureurs qui sont comme notre planète : mal en point.
Le prêt accordé aux 3 géants automobiles (Général Motors, Ford et Chrysler) est assorti de conditions strictes et les constructeurs devront faire preuve de leur viabilité d’ici au 31 mars 2009 et à défaut, le Trésor exigera un remboursement anticipé. Elles seront donc en faillite d’ici 3 mois car, la situation économique se dégradant, elles seront incapables de se redresser. D’ailleurs, le milliardaire américain Kirk Kerkorian a vendu la totalité des actions Ford qu’il détenait, soit 133,5 millions de titres. (source : déclaration du porte parole de Tracinda sa holding d‘investissement, le lundi 29 décembre).
L’agence de notation du crédit Standard & Poors indique que l’année 2009 sera l’année de tous les dangers car arriveront à maturité 801 milliards de dollars de dette européenne (entreprises et banques européennes) dont 576,8 milliards pour les institutions financières (40% pour l’Allemagne).
Je m’arrête ici car il faudrait écrire le livre de tout ce qui va mal et j’ai volontairement limité mon étude aux points les plus importants afin de démontrer que je n’affirme rien à la légère. Rien ne fonctionne, les investisseurs sont déprimés. Il existe cependant un secteur où tout va bien : l’industrie de l’armement et certains (des criminels de guerre ?) n’hésitent pas à conseiller d’investir dans le commerce des armes. Le Centre pour le Contrôle et la Non-prolifération des Armes indique ainsi que le budget du Pentagone pour 2009, est le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale soit 515,4 milliards de dollars ce qui représente 48% du total mondial des dépenses militaires. (source : Centre pour le Contrôle et la Non-Prolifération des Armes Christopher Hellman et Travis Sharp. Fiscal Year 2009 Pentagon Spending Request Briefing Book). Le journal Haaretz, le 28 Décembre 2007 affirmait ainsi que 2008 a été une année record pour les dépenses de la Défense israélienne. Le Sipri (Stockholm International Peace Research Institute) indique que les dépenses militaires mondiales augmentent rapidement depuis 2006. Pourquoi tous ces investissements me direz-vous ? Vous avez la réponse en ce moment avec Gaza et le pire (Pakistan, Iran, Ossétie) est à venir.
Vous le voyez, la crise ne touche pas que les USA, c’est un choc planétaire qui affectera particulièrement l’Amérique, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Japon et la Chine. Des émeutes auront lieu partout dans le monde et les états durciront leurs lois (ou pire). Les USA en profiteront pour s’associer avec le Mexique (main d’œuvre bon marché) et le Canada (ressources naturelles exceptionnelles) en créant la NAU (North American Union) ainsi qu’une nouvelle monnaie qui ne vaudra que 10% du dollar actuel, diminuant d’autant sa dette. Qui a dit que les USA étaient moribonds. Tel le phénix (pour les profanes, le symbole des USA n’est pas un aigle), l’amérique renaîtra alors, encore plus forte et conquérante. Dans quelques mois nos hommes politiques vont pousser des cris d’orfraie, expliquant qu’ils n’avaient pas prévus l’ampleur de la crise actuelle. Pourtant, tous ces chiffres sont publics. Nos dirigeants nous proposeront une solution mondiale, une monnaie d’échange mondiale et un organisme de contrôle mondial (FMI) qui seront sous le contrôle de quelques-uns. Rien ne changera, ce sera pire : destruction de la planète et de nos libertés au programme. Il s’agit d’un hold-up (mondial) inacceptable face auquel il n’existe qu’une solution, celle que Paul Jorion nomme « une constitution pour l’économie » qui préserve notre écosystème et nos libertés. Une révolution mondiale à travers le web, la première « cyber révolution ».
Je conclus mon article avec cet extrait d’un mail de Francis Neri (spécialiste de l’éducation, de la formation et du conseil, Président de l’Institut Européen de socialisation et d’éducation) qui résume tout : « Pour 2009, la conjonction des crises nous promet une série de malaises sociaux sans commune mesure avec le passé. Il est probable que le danger vienne de la récupération de la colère des jeunes, victimes d’une éducation et d’une socialisation déficitaire. Nous avons le dos au mur, et nous n’avons pas d’autres solutions que de chercher un « autre chemin ». Les crises : économique, sociale, écologique, énergétique, des matières premières, alimentaires, sont inter reliées et l’on ne peut considérer l’une sans se préoccuper des autres. Il est temps « d’avoir des idées » de les rapprocher et de les mettre en œuvre. »
Gilles Bonafi
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