Un réquisitoire strident contre la finance mondiale.
Les banques introduisent notre argent dans le circuit monétaire international, si bien que toute personne ayant un compte bancaire participe, sans le savoir, au système financier mondial.
A travers les témoignages des différents acteurs de ce système, le réalisateur nous révèle les dérives d'une économie sans garde-fou : paradis fiscaux, chantage économique, investissements fictifs, etc.
Ce film impressionnant montre les dérives du système libéral et des conséquences humaines, démographiques et écologiques.
Wagenhofer confronte deux mondes inconciliables : celui des infâmes profiteurs du capitalisme (une infime minorité) et celui des victimes injustes du système (tous les autres).
Le procédé, s’il évacue toute ambiguïté, a le mérite de la clarté.
À une séquence sur des travailleurs ghanéens extrayant difficilement de l’or brut succède ainsi une scène sur le transit du précieux minerai par la Suisse, où il sera transformé en lingots.
Sentence implacable : 3 % de la richesse produite va à l’Afrique, le reste au monde occidental.
Tout le film est à l’avenant.
Let’s Make Money s’apparente à un cours magistral sur les causes de la crise financière dont il ressort une impression révoltante d’injustice et un profond dégoût.
L'ambition affichée du documentariste autrichien Erwin Wagenhofer est de tirer le portrait de la planète sous le joug de la finance internationale.
Découpé en longues séquences, Let's Make Money passe de personnages en situations, de plaidoyers en reportages.
On verra une mine d'or à ciel ouvert au Ghana, des paysans burkinabés cultivateurs de coton, le responsable de la section financière de la Neue Zürcher Zeitung, les chantiers immobiliers d'Andalousie, le député social-démocrate allemand Hermann Scheer.
A aucun moment on ne peut douter du propos d'Erwin Wagenhofer : l'argent est le véhicule de l'oppression.
Les paysans du Sahel produisent le meilleur coton du monde, mais les subventions américaines aux fermiers du Sud les empêchent d'accéder au marché mondial ; le journaliste suisse, membre de l'ultralibérale Société du Mont-Pèlerin défend le droit des habitants des pays riches à profiter des biens accumulés sans les partager avec le reste de l'humanité.
Et pourtant, au bout de ces cent sept minutes, rien n'apparaît de plus que ce collage d'histoires militantes.
Les séquences sont trop courtes pour que les personnages existent.
On dirait que Wagenhofer les a choisis en fonction de ce qu'il attendait d'eux, et que rien ne pourrait lui arriver de pire que d'être surpris.
Le patron autrichien d'une usine indienne sera donc un monstre à sang froid, le responsable burkinabé de l'exploitation cotonnière un défenseur des droits des opprimés.
A la décharge du cinéaste, l'histoire lui a joué un vilain tour.
Le film a été tourné avant que la crise financière ne bouleverse les théorèmes sur lesquels opèrent les acteurs du film.
Non que l'éclatement de la bulle financière ait changé la manière de voir d'un trader de Singapour.
Mais les questions auxquelles il doit répondre aujourd'hui ne sont plus celles que lui posaient Wagenhofer il y a trois ans.
mardi 21 septembre 2010
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