mardi 22 décembre 2009

* CIA et propagande climatique

Article rédigé le 22 déc 2009, par Spencer Delane

Quand l’agence de Langley s’intéresse à la question climatique, ce n’est pas par soucis écologique mais plutôt par intérêt stratégique. Une nouvelle perspective américaine qui mêle climat, économie et espionnage…

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Le 1er Octobre 2009, Dianne Feinstein, sénatrice démocrate de Californie annonçait devant le congrès américain l’ouverture d’un centre d’un nouveau genre : le Centre sur le changement climatique et la sécurité nationale. Sa mission est d’étudier les effets du réchauffement climatique sous l’angle sécuritaire. L’aspect économique n’a pas été oublié. Le centre aidera également les entreprises américaines à se positionner au mieux dans un secteur en plein essor, celui des ressources naturelles. Et ce n’est pas tout, alors que les Etats-Unis ont toujours refusé de se soumettre au système de surveillance mis en place par le protocole de Kyoto, le centre effectuera sa propre surveillance satellite sur les autres pays.

Cette collaboration entre la CIA et les scientifiques révèlent l’intérêt des Etats-Unis pour les changements à venir. Bien que l’initiative soit récente, la stratégie américaine, elle, est ancienne et s’inscrit dans « leur volonté de domination et d’hégémonie », comme le souligne David Mascré, professeur de géopolitique à l’Ecole des Hautes Etudes en Relations Internationales. Selon lui, « le climat est considéré depuis longtemps, par les Américains, comme un facteur stratégique majeur ».

En effet, l’importance de la question climatique a été remise au centre des préoccupations dans le 4ème rapport sur la prévision des enjeux majeurs à venir, rédigé par le service de renseignement américain. Dans ce document, Thomas Fingar, directeur de la CIA, évoque la nécessité de mesurer l’impact de ces changements sur la puissance américaine du point de vue géopolitique, militaire et économique. Il prévient également de l’augmentation des tensions et des conflits à venir dans l’accès aux ressources naturelles.

Le réchauffement climatique n’est plus simplement qu’une question environnementale, c’est devenu un enjeu stratégique majeur. Un aspect qui n’est pas envisagé aussi clairement en Europe où le débat demeure entre les mains des scientifiques. La surveillance du climat est confiée à l’Agence Spatiale Européenne (ESA) qui dispose du satellite ENVISAT. Relevés de température des eaux, surveillance du niveau des mers et de l’état des terres émergées, le satellite européen apporte de nombreuses données aux scientifiques sur l’évolution du climat. Un outil qui manque toutefois de précision concernant les émissions de dioxyde de carbone, comme le précise le directeur de la stratégie et des programmes au CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), Didier Renaut. Et pour combler cette lacune, le CNES développe son propre programme, nommé Microcarb. Un programme qui pour le moment est en phase d’étude et pourrait voir le jour d’ici 4 ou 5 ans.

En attendant, pour tenter de limiter ces changements climatiques, les Etats doivent se restreindre à leurs engagements pris lors du sommet de Kyoto. Car même si tous les pays, actuellement réunis à Copenhague, s’accordent sur de nouvelles mesures plus contraignantes, la question de la surveillance demeure, elle, toujours en suspend…

Mounia ben Aïssa



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