mercredi 10 juin 2009

* Lettre de l'ambassadeur du Venezuela au directeur du Monde

A Paris, le 22 mai 2009,


Monsieur Eric Fottorino, Directeur du Monde


Monsieur le Directeur,


C’est avec un grand respect que je souhaite vous exprimer, au nom du peuple vénézuélien et de notre gouvernement, mon sincère étonnement face à l’article selon moi tendancieux de votre correspondant, Monsieur Jean-Pierre Langellier, que j’ai eu l’opportunité de découvrir en parcourant les pages de votre quotidien daté du 19 mai dernier.


Cet article, dont j’ai constaté avec surprise qu’on le qualifie « d’analyse », reprend à son compte les plus incroyables stéréotypes et contrevérités colportés depuis dix ans par ceux qui ne comprennent pas la volonté souveraine des vénézuéliens – démontrée à maintes reprises dans les urnes – de se choisir un modèle original et alternatif de développement.


Retranché derrière sa supposée objectivité journalistique, Monsieur Langellier dresse au fil des lignes un portrait de notre pays digne d’une parodie de Tintin et les Picaros : plusieurs chiffres et discours sont utilisés hors de leur contexte et les sources sont occultées. De ce fait, Monsieur Langellier trompe sciemment vos lecteurs, en contribuant à forger une vision de l’Amérique Latine simpliste et heureusement contraire à la réalité.


On peut ainsi lire, au fil des lignes, que le Venezuela est gouverné par un « régime » « autoritaire et étatiste », « centralisé et militarisé », qui n’honore pas ses engagements internationaux, qui transforme en « traîtres » les « camarades » critiques, « exerce une vendetta contre ses opposants », les « harcèle » et réduit « chaque jour un peu plus l’espace de la démocratie », tout cela grâce à « un Parlement à sa dévotion », une compagnie pétrolière qui est un « Etat dans l’Etat » et au fait que « les médias privés sont dans le collimateur ».


Dans son « analyse », Monsieur Langellier juge tout de même utile de retranscrire l’opinion de membres du Gouvernement qu’il décrie, en expliquant que « récemment », notre Ministre des Finances déclarait « qu’au Venezuela ressurgit le rêve de l’Union Soviétique » : une phrase là aussi sortie de son contexte, mais qui sert son dessein de donner l’image d’un pays archaïque, aux antipodes de notre volonté affirmée de construire un modèle novateur et moderne de réelle redistribution de la richesse, participatif et démocratique.


Alors que si peu se sont émus, pendant les années 80 et 90, de la terrible expérimentation des politiques ultra-libérales sur notre continent et de leurs conséquences désastreuses sur le niveau de vie des latino-américains, certains commentateurs démontrent aujourd’hui un aveuglement idéologique lorsqu’ils attaquent notre politique de reconstruction de l’Etat, de services publics forts et efficaces à lutter contre les effets sociaux de la crise économique et financière actuelle.


Par ailleurs, il n’est pas juste de dénoncer une faiblesse grandissante de la démocratie au Venezuela, alors que depuis 1998, il est le pays à avoir connu le plus grand nombre de consultations électorales, que parallèlement à ces consultations se sont consolidés les mécanismes de participation citoyenne et populaire, et que notre pays à été pionnier dans la mise en place du référendum révocatoire qui permet aux électeurs de mettre librement fin au mandat de tout élu : un processus auquel le Président Hugo Chavez s’est courageusement soumis, chose que beaucoup omettent de mentionner lorsqu’ils l’accusent d’autoritarisme ou de persécution des opposants.

Je tiens à vous réaffirmer, Monsieur le Directeur, notre réelle disposition à apporter des compléments d’information à vos lecteurs qui puissent leur permettre de mieux connaître la réalité de notre pays. Nous serions honorés de pouvoir nous exprimer dans votre quotidien, si vous le souhaitiez, par exemple au sein de sa rubrique d’opinions.

En espérant que vous comprendrez nos motivations, je vous prie, Monsieur le Directeur, d’agréer l’expression de notre très haute considération.


Jesús Arnaldo Pérez

Ambassadeur

Source: Cercle bolivarien de Paris

2 commentaires:

waikup a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
waikup a dit…
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