lundi 23 avril 2012

* Pesticides dans l'eau potable: les taux de tolérances sont relevés







L'association Générations Futures pointe du doigt la décision des services de l'Etat de relever le taux de tolérance en pesticides dans l'eau du robinet.

La présence des pesticides dans l'eau est un phénomène récent dû au développement intensif de l'agriculture. La conséquence majeure de cette situation est une utilisation massive de pesticides ayant pour but d'augmenter les rendements des cultures au maximum. Le drame est que la plupart des pesticides n'atteignent pas la cible visée et terminent alors dans les sols et les nappes phréatiques ou le cours d'eau le plus proche et les contaminent. Ces eaux polluées se retrouvent ensuite dans les stations d'épuration et sont en partie filtrées. Cependant une part de ces pesticides demeurent dans les eaux et se retrouvent dans les robinets et donc dans la consommation quotidienne d'eau.

Il existe une directive européenne (Directive 98/83/CE) qui fixe une limite sur la concentration de pesticides dans l'eau: au-delà de 0,1 microgramme par litre pour une substance pesticide individuelle ou de 0,5 microgramme par litre pour le total des pesticides quantifiés, la limite de qualité réglementaire est dépassée. Toutefois, cette directive n'empêche pas les Etats de distribuer de l'eau dont les taux sont supérieurs, ni de fixer des taux d'alerte supérieurs.

Un avis du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France daté du 7 juillet 1998 prévoyait, en interprétation de la Directive 98/83, que l’eau ne devait « pas être utilisée, ni pour la boisson, ni pour la préparation des aliments » si un pesticide s’y trouvait à une quantité supérieure à 20% d’une valeur appelée « valeurs sanitaires maximales », (V Max, définie par l’OMS), pendant plus d’un mois, ou si la teneur en pesticides dépassait ne serait qu’un jour cette V Max, toujours largement supérieure au 0.1 μg/L de la limité dite ‘de qualité’.

Désormais, une instruction de la direction Générale de la Santé du 9 décembre 2010, publiée au Bulletin Officiel en février 2011 augmente la tolérance et rend plus facile la distribution d’eau polluée par des pesticides au-delà de la limite de qualité. Cette instruction prévoit que dorénavant, pour que des restrictions de distribution d’eau contenant des pesticides soit mises en place, c’est 100% de la V Max du pesticide concerné qui devra être atteinte, et ce, quelle que soit la durée de l’exposition.

Générations Futures s’insurge contre cette instruction du Ministère de la Santé passée inaperçue et visant à rendre plus commode la distribution d’eau polluée par des quantités de pesticides bien plus importantes qu’avant 2010. Selon François Veillerette, porte Parole de Générations Futures, ONG spécialisée dans la question des pesticides : « on va tolérer dans de très nombreuses localités des quantités de pesticides dans l’eau 5 fois plus importantes qu’avant décembre 2010 ! Ainsi pour un pesticide comme le folpet, pourtant classé cancérigène probable aux Etats Unis, on va maintenant tolérer jusqu’à 300 μg/L d’eau pendant plus d’un mois alors qu’auparavant on ne pouvait dépasser les 60 μg/L pendant la même durée ! ».

Autre conséquence logique de cette nouvelle mesure dénoncée par Générations Futures : la baisse artificielle du nombre de personnes concernées par une présence excessive de pesticide nécessitant une restriction d’utilisation de l’eau. On est ainsi passé de 34 300 personnes touchées par ces restrictions en 2009 à une estimation de 8 939 dans le bilan de la qualité des eaux 2010 ! « Cette amélioration en trompe l’oeil n’est due qu’à une manipulation des valeurs de pesticides acceptées dans l’eau et pas à une véritable amélioration de la situation » proteste François Veillerette qui voit là « la preuve que les autorités publiques ont renoncé à améliorer la situation en changeant les pratiques agricoles en profondeur mais préfèrent changer les graduations du thermomètre que de faire vraiment baisser la fièvre ! »


Source : http://www.almata.fr/news.php?idn=144

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